top of page
Rechercher

Le langage du corps chez les tout-petits : pourquoi le mouvement est essentiel pour bien grandir

  • Photo du rédacteur: Samuel Provost
    Samuel Provost
  • il y a 2 jours
  • 3 min de lecture
ree

Avant de parler, l’enfant s’exprime avec… son corps. Un bébé qui s’étire, un tout-petit qui saute partout, un enfant qui se cache derrière une chaise : ce sont autant de messages. Le corps est le premier langage de l’enfant, et le mouvement n’est pas seulement une dépense d’énergie – c’est une façon d’apprendre, de communiquer et de se structurer.

Dans une garderie, comme à la maison, on gagne énormément à voir le mouvement non pas comme quelque chose à “contrôler”, mais comme un besoin fondamental à accueillir et à canaliser.

Le corps, un outil de communication

Avant de maîtriser les mots, l’enfant utilise son corps pour dire :

  • Je suis content (il saute, il rigole, il tourne sur lui-même),

  • Je suis fâché (il se raidit, il tape, il lance),

  • J’ai besoin de réconfort (il vient se coller, il cherche les bras),

  • Je suis dépassé (il se cache, il s’éloigne, il s’effondre au sol).

Pour les parents comme pour les éducatrices, observer ces signaux permet de mieux comprendre ce que l’enfant vit à l’intérieur. Plutôt que de voir un “comportement dérangeant”, on peut se demander :

Qu’est-ce que son corps essaie de me dire en ce moment?

Cette question change souvent le type d’intervention : on passe du contrôle (“Arrête de bouger!”) à l’accompagnement (“On dirait que tu as beaucoup d’énergie, viens, on va trouver une façon de bouger ensemble.”).

Bouger pour développer le cerveau… et la confiance

Le mouvement joue un rôle clé dans le développement global :

  • Sur le plan moteur : en rampant, grimpant, sautant, courant, l’enfant développe son équilibre, sa coordination, son tonus musculaire et sa conscience de son corps dans l’espace.

  • Sur le plan cognitif : bouger aide à se concentrer, à planifier (comment monter sur le module? comment transporter trois blocs en même temps?), à résoudre des problèmes.

  • Sur le plan émotionnel : le mouvement permet de relâcher les tensions, de gérer l’excitation, la frustration, l’inquiétude. Un enfant qui peut bouger suffisamment dans sa journée a souvent plus de facilité à se calmer ensuite.

  • Sur le plan social : courir ensemble, inventer des parcours, jouer à la tag… ce sont des occasions de coopérer, d’apprendre à attendre son tour, à respecter des règles, à lire les réactions des autres.

Autrement dit, quand un enfant bouge, il n’est pas seulement “actif”, il est en plein apprentissage.

Comment la garderie peut soutenir le “langage du corps”

Dans un milieu éducatif, on peut soutenir le besoin de bouger en :

  • Aménageant des coins moteurs : tapis, modules, tunnels, coussins, parcours simples.

  • Intégrant le mouvement dans les routines : aller à la salle de bain en marchant comme un éléphant, faire un petit étirement avant le dîner, chanter des comptines avec gestes.

  • Alternant périodes plus actives et moments calmes pour aider l’enfant à sentir la différence dans son corps.

  • Offrant des choix : grimper, lancer, danser, rouler, sauter… pas tous les enfants ne bougent de la même façon.

Le rôle du professionnel n’est pas simplement de “laisser bouger”, mais de proposer un cadre sécuritaire et structuré qui permet au mouvement d’être riche, varié et porteur d’apprentissages.

Et à la maison?

Les parents ne sont pas obligés de transformer le salon en gymnase, mais quelques ajustements font une grande différence :

  • Prévoir chaque jour un temps “où il est permis de bouger beaucoup” : danse en famille, course au parc, parcours avec coussins.

  • Accepter que certains enfants ont besoin de bouger plus que d’autres et qu’ils ne le font pas “contre” l’adulte.

  • Utiliser le mouvement comme outil :

    • avant les devoirs ou une activité demandant de la concentration;

    • après une grosse émotion (courir dans la cour, sauter 10 fois, pousser un gros coussin).

  • Nommer ce que l’on observe :

    “Je vois que ton corps a besoin de bouger. On va faire trois grandes courses jusqu’à la porte et revenir.”

Cela aide l’enfant à faire le lien entre ce qu’il ressent et ce dont il a besoin.

Observer plutôt que juger

Que l’on soit parent ou professionnel, l’important est de passer du réflexe :

“Il bouge trop, il dérange” au réflexe :“Son corps m’envoie un message, comment puis-je l’aider à canaliser cette énergie?”

Le langage du corps est une porte d’entrée précieuse pour comprendre l’enfant tel qu’il est aujourd’hui, avec son tempérament, ses forces, ses vulnérabilités. En l’accueillant, on lui offre plus qu’un espace pour bouger : on lui offre le droit d’exister pleinement.


 
 
 

Commentaires


bottom of page